Le champclos
Dans les années 20, Madame Bergaud, veuve sans enfant, se rend à Verneuil pour visiter sa mère, Madame Boirivant qui habite 40, Grande rue.
Sur cette route, dans le mur qu’elle longe, elle voit une petite porte qu’elle pousse par curiosité. C’est ainsi qu’elle découvre un vaste terrain enclavé : le Champclos.
Deux bâtisses y sont construites : une écurie au plafond très haut et une lingerie. Il n’y a aucune maison d’habitation. Le terrain est planté d’arbres magnifiques et la végétation est très dense. Il est en partie cultivé par un couple de maraîchers, Monsieur et Madame Mamot qui vendent leur récolte aux habitants de Verneuil. Mme Bergaud s’en porte aussitôt acquéreur.
Lors d’une visite à une amie en Normandie, à Etretat, elle tombe sous le charme d’une grande maison normande de 4 étages composée de 9 pièces. Sa décision est prise. Cette maison servira de modèle pour celle qu’elle fait construire en 1925 sur le terrain du Champclos. Afin de créer une entrée permettant l’accès des voitures par la Grande rue, il faut démolir la ferme existante. L’aménagement nécessite de gros travaux de terrassement qui imposent l’utilisation de wagonnets roulant sur des rails pour déverser les pierres sur un terrain qui deviendra 40 ans plus tard la place de la gare. Pour créer une entrée rue Delapierre, Mme Bergaud fait démolir, en 1935, la maison des demoiselles Bisot.
C’est dans les années 40 que le Champclos apparaît tel que nous le connaissons. Cette belle demeure n’est malheureusement habitée que quelques jours par an. Au décès de Mme Bergaud, la demeure est léguée à sa cousine, la comtesse de Gâtines et à son mari.
Durant la seconde guerre, le domaine est occupé par les Allemands jusqu’à l’arrivée des Américains. En 1944, Eisenhower et ses officiers soupent et s’y reposent quelques heures.
En 1952, le Champclos est mis en vente. Il est racheté par Mr de Cargouet de Ranléon. Il est veuf de son 1er mariage et a 2 fils d’une vingtaine d’années chacun. Il cherche à marier l’aîné. Il lui choisit Mlle de Lanoue, une bretonne. Finalement, c’est lui qui tombe sous le charme et l’épouse. Ils ont 2 filles, Guénaelle et Albane. Le frère de Mme de Cargouet, pilote d’avion, meurt entre la France et l’Amérique, dans l’accident d’avion qui voit également périr Marcel Cerdan, le célèbre boxeur. La sœur de Mme de Cargouet devient religieuse à l’école Notre Dame des Oiseaux sous le nom de Sœur Marie Stanislas. Au décès de son mari, Mme de Cargouet quitte Verneuil et loue le domaine par étage à des étudiants américains dont certains sont artistes. Le manoir, inoccupé durant plusieurs années, est squatté et vandalisé. Les boiseries sont maculées de peintures, les papiers peints et tentures sont arrachés, les vitres sont cassées. Mme de Cargouet décide de vendre la propriété en 1990. La commune se porte acquéreur de ce terrain de 6 547 m² situé en plein centre ville.
C’est ainsi que le manoir du Champclos devient un équipement communal.
L’écurie devient l’école municipale de musique et la laverie la maison du gardien. En 1995, la halte garderie du Champclos est construite et le parc est ouvert au public.
Le manoir du Champclos regroupe aujourd’hui au rez-de-chaussée la salle des mariages, des bureaux et salles de réunion ainsi qu’à l’étage et au sous-sol des salles de cours de l’école municipale de musique.