Transcription de la balade sonore : Les lacs artificiels et la pêche
Saviez-vous qu’à Verneuil, on pratiquait la pisciculture, c’est-à-dire l’élevage des poissons ?
Au XVIIIème siècle, il y avait à Verneuil, trois étangs artificiels, dont le plus grand se situait près de Chapet, aujourd’hui asséché. C’est Madame de Sénozan, sœur de Malesherbes, qui confie à l’architecte Antoine, la réfection de ces étangs, dans le cadre de son projet de rénovation du château de Verneuil.
Des étangs artificiels ? Mais pour quoi faire ? Aujourd’hui, les étangs et lacs artificiels sont surtout conçus à des fins de récréation, pour pratiquer la voile, l’aviron, où plus récemment le paddle.
À Verneuil, Mme de Sénozan restaure ces trois étangs à des seules fins d’élevage et de pêche. Une fois remplis, on y met de jeunes poissons qui y grandiront et s’y multiplieront. Carpes, anguilles, tanches, perches, brochets, il y en a pour tous les goûts.
Ces étangs, s’ils ajoutent à la fortune de la seigneurie, n’en sont pas moins un formidable investissement, en temps et en argent. Il faut prendre soin de ses spécimens, et faire en sorte que rien ne leur arrive avant qu’on puisse les pêcher. Le garde-chasse a pour mission de chasser les prédateurs, nul n’est favorable à l’idée d’élever des poissons pour nourrir les hérons ou les loutres de la région. Le régisseur, de son côté, a la charge de prévoir, en hiver, la nourriture des poissons et, lorsqu’il fait très froid, d’étendre du paillis, mince couche de paille brisée, ou d’autres débris végétaux, à la surface des étangs pour éviter que ceux-ci ne gèlent et n’emprisonnent le poisson.
Il faut trois ans pour préparer une pêche, le temps que le poisson ait suffisamment grandi et ait assez de chair pour ne pas que l’on se retrouve avec uniquement des arrêtes dans l’assiette.
On entreprend alors la pêche. N’allez toutefois pas imaginer que le régisseur pêche à la ligne, assis dans sa barque, un chapeau de paille sur la tête ; ce serait trop long d’attraper les quelques dix mille poissons qui peuplent chaque étang.
Pas de canne à pêche à Verneuil, on vide les étangs, c’est plus rapide. Une fois la bonde levée, l’eau s’écoule lentement pendant six à huit semaines. Le principe est simple, comme un évier géant, l’étang se vide, et les poissons se rassemblent dans les fossés creusés dans le fond, sous le niveau de la bonde. Commence alors les veilles du régisseur qui doit s’assurer que les voleurs ne viendront pas voler les poissons avant que les pêcheurs n’arrivent.
Une fois les étangs vides, deux pêcheurs de Vaux viennent ramasser les poissons, à la main ou à l’épuisette.
En général, on pêche en février ou en mars, c’est une décision purement commerciale : les ventes seront meilleures puisque la consommation de poisson augmente pendant le carême. Les nobles de la région se réservent les plus belles pièces, le reste est emporté par les poissonniers qui doivent être bien équipés pour pouvoir transporter le poisson vivant.
Ainsi, il existait, à Verneuil, au XVIIIème siècle, un véritable commerce de poissons.