Transcription de la balade sonore : La Stèle du Major Shurlds

Lorsque l’on se balade à Verneuil, en forêt, en direction des Mureaux, non loin du chemin des Cornouillers, qu’on soit sorti pour promener son chien, pour faire son footing, pour prendre l’air ou bien que l’on se soit juste perdu, il peut nous arriver de passer devant la stèle du Major Henry Shurlds. Haut panneau en bois de tulipier du Mississipi, il s’agit d’un monument commémoratif de la Deuxième Guerre Mondiale dont peu connaisse l’existence, mais qu’on ne saurait laisser dans l’ombre tant il mérite qu’on lui prête attention.

Faisons ici un bond dans le temps.

Été 1944, la France est occupée, mais les troupes du Führer allemand s’essoufflent. Les efforts combinés des Résistants, des Américains et des Anglais sont sur le point de porter leurs fruits. Du côté ennemi, l’Italie s’est retirée des combats depuis 1943 et le Japon n’arrive pas à traverser le Pacifique pour poser le pied en Amérique. En Europe, la lassitude de guerre allemande ne cesse de croître à mesure que les forces aériennes alliées détruisent leurs transports de ravitaillement. Les pilotes allemands de la Luftwaffe tentent bien de protéger les convois, mais il est une unité qui déjoue tous leurs plans, trois pilotes fameux qu’on surnomme Kank, Pig et Red. Ce trio d’élite décolle chaque jour d’Angleterre, exécute sa mission avec brio, se ravitaille en Normandie et traverse de nouveau la Manche pour regagner sa base. Ces excursions sont rapides comme l’éclair et coûteuses pour l’ennemi. Parmi ces hommes, un jeune prodige de vingt-cinq ans, un Américain originaire du Mississipi, le Major Henry Shurlds.

Né à Tchula en 1919, on dit de lui qu’il est brillant. Il entreprend de belles études à la sortie desquelles il occupe le poste d’ingénieur aéronautique. Connu pour être un pilote d’exception, il rejoint les rangs de l’armée lorsque les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne et au Japon à la suite à l’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941.

Deux ans et demi plus tard, les combats font toujours rage, mais la fin du conflit semble plus proche que jamais. Le 6 juin 1944, les troupes alliées débarquent sur les côtes de Normandie pour libérer la France, supportées par l’aviation américaine. Le Major Shurlds ne connait guère de repos, à bord de son avion qu’on a équipé de nouvelles roquettes, il enchaîne les ordres de missions sans répit pour faciliter la progression des Alliés en France et affaiblir les Allemands en les coupant de leurs points de ravitaillement.

Le 19 août 1944, alors qu’il survole la Seine, le Major Shurlds reçoit un signalement : des avions ennemis ont été repérés non loin. Quelques minutes plus tard, une bataille aérienne s’engage au-dessus des bois de Verneuil. Les Vernoliens s’abritent comme ils le peuvent et observent le combat avec angoisse.

Le Major Shurlds et son bataillon subissent le feu ennemi. Les Allemands sont trop nombreux, l’aviation américaine n’est pas de taille et ses pilotes tombent les uns après les autres. L’avion du Major Henry Shurlds est le premier à être touché par l’ennemi, il explose dans les airs et le corps de son malheureux pilote est projeté dans les bois de Verneuil.

Quand le corps du Major tombe dans les bois, les Vernoliens quittent leur cachette et accourent pour lui porter secours. Il est trop tard, le héros américain est mort.

Après délibération, on décide que ce valeureux soldat sera enterré au cimetière de Verneuil, à côté des autres héros morts pour libérer la France. Sa dépouille y reste un an avant d’être déplacée, d’abord au cimetière américain de Saint-André de l’Eure, puis à celui de Saint-Laurent, non loin d’Omaha Beach, où il repose encore aujourd’hui.

La stèle du Major, que l’on peut voir dans les bois de Verneuil, a été érigée en 2012 pour rendre hommage à ce héros de guerre, devenu l’un des symboles de la libération de la ville.