Transcription de la balade sonore : La Galette

Que l’on soit passionné, ou simplement curieux, l’Histoire a toujours quelque chose à nous apprendre ; et elle a ceci d’extraordinaire qu’elle permet d’exhumer des souvenirs oubliés.

Prenons ici l’exemple de Verneuil et du quartier de la Galette… savez-vous d’où le quartier tient son nom ? Connaissez-vous son histoire ?

Le quartier doit son nom à un homme : Ernest Langlois, lui-même surnommé « Le Père la Galette ».

Nous sommes à la fin du XIXème siècle, dans les années 1890, Ernest Langlois tient un petit kiosque, à l’orée des bois de Verneuil. Une toque sur la tête, un tablier autour de la taille, il fait cuire des galettes au beurre dont lui seul a le secret.

Replongeons-nous à cette époque : la route de Meulan grouille de monde… Non, n’exagérons pas, disons plutôt qu’il y a du passage ! Les promeneurs des environs viennent y faire un tour ; ils viennent profiter de l’ombrage des bois et du chant des loriots, ces oiseaux un peu plus petits que le merle dont le plumage du mâle est jaune, et celui des femelles vert. Il y a aussi des Parisiens, de plus en plus nombreux, pour venir goûter le charme des bords de Seine le dimanche. On se déplace à pied, en bicyclette ou en tandem, voiture tirée par deux chevaux.

Dans son kiosque, celui qu’on nomme Le Père Galette s’active et sonne la cloche à chaque nouvelle fournée. «  Elles sont chaudes mes galettes, elles sont chaudes ! » Les promeneurs sont ravis.

C’est un petit commerce qui marche, comme on dit aujourd’hui. C’est un bon endroit, et la fortune sourit aux Langlois. Le Père la Galette y ouvre alors un restaurant où travaillent ses filles et ses gendres. Le restaurant s’appelle La Galette. Il atteint son apogée avant et après la Grande Guerre, celle de 14-18. On y accède par la route des Mureaux, bordées de gigantesques sapins dont les cimes se rapprochent pour former un dôme de verdure et de fraîcheur. On n’y a jamais vu autant de monde. Deux fiacres assurent la navette entre la gare et les bois tandis que les premières automobiles viennent y faire halte. Belles dames au bras de grands messieurs, parlementaires, artistes, écrivains et industriels, vont à La Galette, attirés par une cuisine raffinée et des vins de choix ; certains dimanches, on dresse jusqu’à 300 couverts. C’est la Belle époque.

Aujourd’hui, il ne reste rien du restaurant, sinon son nom qui est resté attaché au quartier. Un changement de propriétaire dans les années 1950 a entraîné le déclin du restaurant, une lente agonie, achevée par un incendie qui a totalement effacé ce lieu de nos mémoires.