Clément Passal
Joseph Eugène Clément Passal, dit le « marquis de Champaubert », est un aventurier français né le 29 septembre 1892 à Saint-Denis, dans la Seine, et mort après avoir été enterré vivant le 2 octobre 1929 dans le bois de Verneuil-sur-Seine.
En 1912, après avoir été exempté de service militaire, il épouse Georgette Misery, une fille d’ingénieur, qu’il entraînera à partir de 1918 dans ses affaires d’escroqueries et d’abus de confiance. Réformé, il ne participe pas à la Première Guerre mondiale. C’est sa rencontre en mai 1917 avec Marie-Louise Noirait, une artiste lyrique connue dans certains concerts parisiens sous le nom de « Gisèle de Gisors » et future « marquise de Champaubert », qui va bousculer son existence et l’entraîner dans la commission de nombreux délits de vols, escroqueries et abus de confiance pour maintenir le train de vie élevé d’une maîtresse qui ne pouvait se contenter d’un modeste salaire d’ouvrier ajusteur.
Une vie d’aventurier qui verra son nom mêlé dans plusieurs affaires : l’affaire Biganes frères à Gujans-Mestras, l’affaire des Parfums de Vaudrey à Hyères, l’affaires de la Canadian Motor Company Limited à Nantes, l’affaire de la T.S.F Radio-Impérator à Lille, l’affaire des Bascules Cincinnati au Havre, l’affaire de la villa truquée de Dinard…
Après avoir purgé sa peine à la prison de Loos, il est libéré en juillet 1929 et se retire chez sa mère à Saint-Aubin-lès-Elbeuf près de Rouen. Désormais seul, sa femme ayant obtenu le divorce en juillet 1926 et sa maîtresse l’ayant quitté pendant son incarcération, il va dès lors s’attacher à trouver un éditeur pour la publication de ses Mémoires dont il espère tirer un profit substantiel. En septembre, ses proches le perdent de vue, et commencent à recevoir des courriers signés d’une mystérieuse organisation appelée les « Chevaliers de Thémis » qui menace d’enterrer vivant le faux-marquis. Une lettre envoyée à Félix Bachelet, un voisin et ami de Passal, avec un plan précis du lieu de l’enterrement est transmise aux gendarmes le 3 octobre. Ils se rendent à l’endroit dit, dans le bois de la Justice à Verneuil-sur-Seine, et y trouvent le corps de Passal mort par asphyxie. Un tuyau d’aération avait bien été prévu dans la caisse, mais il n’a pas fonctionné comme attendu, entraînant la mort de l’escroc. L’enquête démontrera que l’enterrement était en réalité une mise en scène macabre orchestrée par Passal lui-même avec l’aide d’un complice, un repris de justice nommé Henri Boulogne dit « le Tatoué » son ancien codétenu à la prison de Loos, dans le but de promouvoir de façon spectaculaire la sortie de ses Mémoires.
Inculpé le 7 octobre suivant pour homicide par imprudence et pour infraction à un arrêté d’interdiction de séjour par le juge d’instruction de Versailles, Boulogne est conduit le lendemain à Verneuil-sur-Seine et désigne aux policiers l’endroit près de l’emplacement du corps où il a enterré un paquet contenant des articles de presse concernant les exploits du pseudo-marquis, la copie des communiqués envoyées par les soi-disant « Chevaliers de Thémis », deux lettres d’une éditrice signées d’une certaine Mme d’Orgeval, inconnue par ailleurs, et surtout le plan des futurs Mémoires que Passal n’aura pas eu le temps d’écrire. Ce plan détaille les vols, escroqueries et abus de confiance que Passal a réellement commis mais avec des montants manifestement très exagérés et beaucoup d’autres qu’il s’attribue, comme le vol de la Joconde en 1911 ou celui des bijoux de l’actrice Gaby Deslys en 1907 alors qu’il n’avait que 15 ans. Le même jour, les restes de Clément Passal sont inhumés dans le cimetière de Verneuil-sur-Seine après une cérémonie religieuse à l’église paroissiale à laquelle assisteront seulement le garde-champêtre et un cantonnier de la commune.